Accueil » Blog » Coupe du monde de football : quelles conséquences financières pour le service public ?

Cette année, la Coupe du monde de football prend place au Qatar. La localisation choisie pour cette édition a nourri de vives polémiques. En 1998, c’était au tour de la France d’accueillir la compétition. Quel citoyen a oublié la joie partagée lors de la victoire de son pays hôte ?  Seuls 6 pays sur les 22 ayant organisé le tournoi ont réussi à le remporter sur leur sol. Le service public français avait été fortement mobilisé en 1998 pour l’organisation de la Coupe du monde, avec un impact financier conséquent. Revue  détaillée de l’impact budgétaire pour un pays hôte… et de ce qui pourrait se profiler à nouveau pour la France un jour prochain 😉

Le fort potentiel financier de la Coupe du monde pour le service public

L’impact financier de la Coupe du Monde de football est immense. En termes simples, cela représente une injection de revenus massifs dans l’économie d’un pays hôte. Les services publics en bénéficient directement, car ils sont chargés de gérer les attentes des millions de visiteurs qui affluent pendant la compétition.

Dans le cas de la France, on estime que la Coupe du Monde de 1998 a généré plus de 13 milliards d’euros pour l’économie française. Cet argent correspond principalement aux dépenses des touristes et des investissements réalisés par les entreprises pour profiter du boom économique lié à l’événement.

Les services publics ont donc bénéficié indirectement de ces injections financières, grâce aux taxes et impôts que les entreprises et les particuliers ont payé  : TVA liée à la consommation générée par le tournoi, recettes publicitaires en hausse sur les chaînes diffusant des matchs… Parmi les secteurs qui ont le plus profité du bon fonctionnement des services publics durant la Coupe du Monde, on peut citer les transports, l’hôtellerie et la restauration.

Les coûts associés à la Coupe du monde pour le service public

La Coupe du monde est un événement qui a lieu tous les quatre ans et attire des millions de spectateurs du monde entier. A chaque édition, les services publics du pays hôte sont responsables de l’organisation et de la gestion de l’événement. Les coûts associés à cette mobilisation sont estimés à plusieurs milliards d’euros, ce qui représente une augmentation considérable des dépenses publiques. En 2006, l’Allemagne avait ainsi enregistré 3.7 milliards de dépenses contre 2.9 milliards de recettes[1]

Par le passé, de nombreuses organisations publiques ont déjà exprimé leur inquiétude quant aux coûts associés à la coupe du monde. Tout d’abord, il y a les coûts de construction et de rénovation des stades et des infrastructures nécessaires pour accueillir le tournoi. Ensuite, il y a les coûts de sécurité et d’ordonnancement publics qui sont importants pendant une manifestation de cette envergure. En outre, il y a les coûts liés à la gestion des déchets et à la protection de l’environnement durant le tournoi.

L’ensemble de ces projets est associé à des deadlines, ce qui relève parfois du casse-tête lorsqu’une aide financière supplémentaire ne peut être accordée.

Dans le cadre de la Coupe du monde 2018, la Russie a dépensé environ 14 milliards de dollars pour construire ou rénover neuf stades, ainsi que d’autres infrastructures nécessaires. Cela représente une augmentation significative des dépenses publiques et peut avoir un impact sur les finances publiques à long terme. De plus, la coupe du monde est souvent accompagnée d’un pic de la demande en matière de services publics, comme l’éclairage public, la sécurité et les transports. Cela peut entraîner des dépenses supplémentaires pour les services publics, ce qui peut être difficile à gérer avec un budget déjà serré.

Quels conseils donner aux pays organisateurs de la Coupe du monde ?

Il y a quelques bonnes pratiques que les pays organisateurs peuvent suivre pour s’assurer que les conséquences financières de la Coupe du Monde de football ne mettent pas en difficultés financières leurs services publics. Tout d’abord, il est important de garder à l’esprit que cet événement s’inscrit dans une courte période de temps et que les dépenses doivent être opérées en conséquence. Dans un second temps, il est indispensable de s’assurer que toutes les dépenses liées à l’organisation de la Coupe du Monde sont correctement documentées et justifiées. Enfin, il est important de surveiller l’évolution des dépenses afin de s’assurer qu’elles n’alimentent pas de dépassements budgétaires incontrôlables. Les outils financiers des collectivités et des établissements publics doivent être en mesure de garantir un suivi budgétaire fiable et précis.

Lorsqu’un pays est sélectionné pour organiser la Coupe du Monde de football, il doit se préparer à des investissements de taille. Les services publics seront mis à l’épreuve pendant cet événement majeur et il est important de les préparer en conséquence. Voici quelques conseils pour les pays organisateurs :

  • Prévoir un budget suffisant pour tous les aspects de l’organisation, de la construction des stades à l’accueil des visiteurs.
  • S’assurer que les services publics, notamment les transports et l’hébergement, seront en mesure de répondre aux besoins accrus pendant la durée de l’événement.
  • Mettre en place une communication efficace afin que tous les acteurs impliqués dans l’organisation partagent une vision commune des projets.
  • Anticiper les imprévus et des solutions de rechange au cas où certains aspects de l’organisation ne se dérouleraient pas comme espéré.

Pour aller plus loin, les pays ayant accueilli la compétition par le passé ont partagé les bonnes recettes suivantes, à appliquer sans modération !

  • Veiller à ce que les coûts associés à la Coupe du Monde soient en accord avec les capacités financières du pays. Les dépenses doivent être justifiées et équilibrées afin d’éviter une dette publique incontrôlée.
  • Prévoir un plan d’action structuré pour réduire les dépenses inutiles et gérer efficacement les finances publiques. Les outils de simulation budgétaire constituent des aides précieuses pour mener à bien cette démarche.
  • Mobiliser les ressources nécessaires (humaines et matérielles) sans excès pour la mise en place d’infrastructures adéquates : accueil qualitatif des touristes, bonne organisation des événements sportifs.
  • Sensibiliser le public à l’importance de l’intérêt national, du bien-être collectif et autres valeurs inhérentes au sport, en mettant l’accent sur le respect de l’environnement et la solidarité entre les citoyens.

Conclusion

L’organisation d’un événement comme la Coupe du Monde a un impact financier majeur sur le service public. En effet, la sécurité, la logistique et l’accueil des touristes représentent des coûts considérables pour les municipalités. De plus, il est nécessaire de prévoir des investissements suffisants en matière d’infrastructure (stades, hôtels, transport) pour pouvoir (bien) accueillir le grand nombre de visiteurs attendus.

Au-delà de ces coûts colossaux, il est important de souligner que la Coupe du Monde est une excellente opportunité pour les villes hôtes de se faire connaître à l’échelle internationale et de générer des retombées économiques considérables.

 

[1] Source : https://www.eksae.fr/wp-content/uploads/2022/12/Livret-Service-PRA-Eksae-2022.pdf