Accueil » Blog » Service public : pas si dur de se passer de la voiture ?

Ces dernières semaines, trouver du carburant a souvent relevé du parcours du combattant. Les difficultés rencontrées par les citoyens et les agents du service public viennent alimenter une réflexion élargie sur la place trop importante accordée à l’automobile dans les territoires. A la ville, comme à la campagne. Quels sont les nouveaux dispositifs adoptés par le service public pour aider les citoyens à se passer de la voiture ? Quelles problématiques nouvelles émergent ? Voici des pistes (pas que cyclables) à suivre 😊

Voiture : la fin de l’âge d’or ?

La voiture, pour de nombreux Français, était jusqu’à présent un symbole d’indépendance et de réussite sociale. Aujourd’hui, cette image tend à se ternir sous l’effet de différents facteurs. L’argument environnemental a le vent en poupe : les véhicules à essence et diesel polluent !

On parle beaucoup des véhicules électriques. Mais voilà, ils sont fabriqués avec des batteries au lithium… Ressource dont manque cruellement la France, d’où l’ouverture programmée d’une première mine de lithium. Le projet Emili devrait ainsi voir le jour à Beauvoir, dans l’Allier (Centre) d’ici 2027 en vue de réduire la dépendance de l’Europe à la Chine sur le front du lithium. L’évaluation environnementale de ce projet n’a pas encore été réalisée.

Pour rappel, la pollution d’une voiture se compose de son énergie grise et des éléments liés à son utilisation (carburant, émissions de gaz et particules polluants, etc.). Chaque année, plus de 40 000 décès en France sont imputables à la pollution.

Autre élément dans la ligne de mire: la communication. De nombreuses publicités emploient des images agressives, sexistes. L’époque de la réclame ‘Clio, elle a tout d’une grande’ est bien loin…

Enfin, depuis la crise sanitaire, de nombreux citoyens et agents ont pris de nouvelles habitudes. Le recours aux mobilités douces se positionne comme une véritable alternative. Les territoires sont-ils prêts pour cette transformation ?

La voiture, nouvelle ennemie des territoires ?

Si l’on regarde quelques années en arrière, l’automobile occupait une place centrale dans les politiques d’aménagement des collectivités locales. Mettre à disposition des infrastructures adaptées, fluidifier le trafic… Autant d’enjeux qui ont concentré l’attention des élus et des professionnels de l’urbanisme.

Aujourd’hui, la donne est très différente. Il s’agit d’identifier des solutions permettant aux citoyens de pouvoir se déplacer simplement sans recourir à la voiture. De même, la démarche de « mise au vert » des territoires implique d’accorder une place réduite aux routes.

Attention, il ne s’agit pas de supprimer tout usage automobile. L’enjeu consiste à encourager et faciliter la mise en place de moyens de transport alternatifs de qualité. Le service à l’usager reste une priorité pour le service public.

Aussi, il semble indispensable de rationaliser l’usage des voitures en vue de limiter les émissions de gaz à effet de serre. Pour relever ce défi, un plan d’actions doit être adopté par les territoires.

Après la voiture en ville… Quoi, justement ?

Les alternatives à la voiture peuvent revêtir différentes formes : transports en commun, mobilités douces individuelles (trottinette, vélo…). Comment convaincre les citoyens d’essayer, puis d’adopter ces solutions présentant de véritables atouts d’un point de vue environnemental ?

Les services d’aménagement de l’habitat ont un rôle essentiel à jouer dans cette transition. Par exemple, une ville ayant généralisé le traçage de pistes cyclables aura nettement plus de chance de voir ses habitants enfourcher leur deux-roues ! La suppression des parkings dans des zones cibles (centre-ville ou autre) peut également favoriser le recul des déplacements en voiture.

Concernant la transition écologique, chacun doit faire des efforts pour changer de comportement. Pour autant, la qualité de vie doit être préservée. Si le temps des trajets travail-domicile est multiplié par 5 en décidant de laisser sa voiture au garage, l’impact est trop fort pour convaincre les citoyens de réviser leurs pratiques.

Enfin, le volet de la communication est à prioriser. L’image véhiculée par la voiture (sans jeu de mots) peut être positive : liberté, luxe, confort… Elle peut aussi évoquer des concepts négatifs : embouteillage, pénurie de carburant, manque d’agilité… Les collectivités doivent investir ce sujet afin de sensibiliser les citoyens aux atouts des modes de déplacement alternatifs (pour la préservation de l’environnement, et celle de notre santé !).

Voiture en campagne : des enjeux différents & complexes

La configuration de certaines zones rurales conduit à un casse-tête. La situation géographique ne permet pas toujours aux habitants d’avoir recours à des alternatives pour se déplacer dans des conditions correctes. Les trajets dans des zones peu peuplées sont parfois longs, imposant alors l’usage d’un véhicule individuel.

Publiée au Journal officiel le 26 décembre 2019, cette loi transforme en profondeur la politique des mobilités, avec un objectif simple : des transports du quotidien à la fois plus faciles, moins coûteux et plus propres.

La Loi intègre 3 piliers :

1/ Investir plus et mieux dans les transports du quotidien

2/ Faciliter et encourager le déploiement de nouvelles solutions pour permettre à tous de se déplacer

3/ Engager la transition vers une mobilité plus propre

Source : écologie.gouv.fr

La loi d’orientation des mobilités permet aux communautés de communes rurales de se saisir de la «compétence mobilité». Elles peuvent ainsi travailler sur le déploiement des infrastructures adaptées aux « mobilités douces ». Seule ombre au tableau, les découpages territoriaux ne sont pas toujours adaptés aux besoins géographiques.

Alors quelles solutions pour se passer de la voiture dans le service public ? A défaut d’éliminer l’automobile, le recours au covoiturage doit être encouragé. Certaines start-up proposent d’ailleurs des projets clé en main pour les zones rurales, comme Rezopouce.

Autre option, le vélo à assistance électrique. Des plans de circulation peuvent être définis en fonction des jours de la semaine, pour s’adapter aux besoins des travailleurs ou des évènements locaux (jour de marché, zone touristique fermée aux voitures le soir, etc.). Plusieurs options sont envisageables : encourager l’achat via le versement d’une prime, installer une réseau de location à moyen terme…

Quelle que soit la solution retenue, la place de la voiture doit être repensée au regard des besoins des citoyens. Limiter les usages, la vitesse ou l’accès à des zones spécifiques : autant de leviers dont l’impact doit être étudié en amont pour produire les effets attendus.

En vue d’explorer d’autres pistes alimentant une politique locale plus respectueuse de l’environnement, découvrez un livre blanc intégrant des exemples de collectivités innovantes :

[1] Zone à faibles émissions : territoire intégrant des restrictions de circulation, visant d’abord les véhicules les plus anciens, considérés comme les plus polluants.

[2] Source : Parlement Européen

[3] Etude scientifique de 2021 (sciencedirect.com/science/article/pii/S1361920921000687?via%3Dihub)